Poésie et devenir du jeune écrivain

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POESIE ET DEVENIR DU JEUNE ECRIVAIN

Cette réflexion que nous nous proposons de mener est partie d’un échange avec un poète (*), autour des questions liées à la jeune littérature en contexte africain.

«Écrivez aussi la prose. La poésie est déjà autre chose. L’avenir du jeune écrivain est dans la prose » a-t-il constaté.

Sans ignorer l’existence d’une prose poétique, soulignons que l’antagonisme  dont il est question ici, est celui de la poésie comme genre littéraire vis-à-vis  d’autres genres.

Ce point de vue, selon nos enquêtes, fait ressortir l’un des grands complexes que se font souvent des jeunes écrivains ; à savoir, le choix d’un genre littéraire pour une meilleur visibilité dans l’avenir (Y a-t-il seulement un avenir… ?). Du coup, on se demande si le choix d’un genre littéraire est si déterminant pour le succès d’un écrivain. En d’autres mots, seul le talent, n’est-il pas suffisant pour pouvoir garantir le succès d’un auteur, soit-il débutant ou ancien dans le domaine de l’écriture ? Aussi, en vient-on à se demander si on écrit encore  aujourd’hui par passion ou pour un intérêt connexe ? Telles sont les questions qui découlent de l’examen de ce point de vue.

Plus clairement, la poésie aujourd’hui, ne peut-elle pas garantir l’avenir du jeune écrivain ?

D’une part, plusieurs facteurs peuvent compromettre la poésie à garantir l’avenir du jeune écrivain. D’abord, sa mévente comme genre littéraire n’a pas toujours participé à la visibilité du poète et de son œuvre. On peut alors remarquer la réticence de certains éditeurs à accepter des tapuscrits de poésie, surtout, de la part des jeunes. Ils supposent (parfois par expérience) qu’une fois publiés, ces ouvrages se transformeront en objet de musée

Du coup, les éditeurs au regard de la faible rentabilité de ce genre, deviennent plus sélectifs et se rabattent très souvent, sur des auteurs déjà connus au détriment des débutants.

De plus, son « hermétisme » a souvent joué en sa défaveur. La poésie en tant que genre noble et élitiste a toujours fait recours à une tenue langagière insolite et à des constructions esthétiques qui la sous-entendent. Cette esthétique qui la caractérise n’a souvent contribué qu’à rendre le poème moins accessible et désenchanter le lecteur non aguerri. C’est par exemple ce que René Philombe (**) pense de la poésie d’Engelbert Mveng (***) :

Il a adopté un hermétisme que je ne partage nullement. La visée de l’écriture est  que le lecteur puisse comprendre ce qu’on dit. Quand on écrit dans un hermétisme pareil au  sien, je crois qu’il vaut mieux ne pas écrire.

Interview réalisée par Jean-Claude Awono, Mosaïques -  Hors série 006 (2015, Avril)

Cependant, il y a lieu de souligner qu’il existe certains textes poétiques « simples » et mieux accessibles, mais qui demeurent avant tout poétiques. De ce fait, il est bon de rappeler qu’écrire de la poésie, n’est pas que vouloir sombrer dans l’hermétisme.

D’autre part, soulignons que l’écrivain peut connaitre le succès, et ce, essentiellement grâce à la poésie. Il existe nombre d’écrivains comme Jean-Claude AWONO qui ont réussi à se faire une renommée à travers elle.

L’écriture de ce fait, devrait être libre et aisée en fonction des aptitudes de tout un chacun.  Cela dit, pour ma part,  le jeune écrivain devrait se lancer et persévérer sur le chemin (ou les chemins) qui lui convient (conviennent) le mieux. Autrement, il ne se fera que violence…

Le tout, c’est de bien faire ce qu’on à faire. En écrivant, le poète comme le romancier, ne fait que se plonger dans le monde de la réflexion, même s’il joue avec la langue pour présenter la matière que porte le sens.

En sommes, aujourd’hui, la poésie peut garantir l’avenir d’un écrivain, soit-il débutant ou ancien à la seule condition de s’appliquer. Cependant, l’on gagnerait à développer des politiques  qui suscitent d’avantage l’intérêt du lecteur pour ce genre littéraire, telles que ; la promotion des lectures publiques, de son enseignement dans des classes scolaires et supérieures, une médiatisation afin de la rendre plus populaire (pas populiste), pour le bonheur des amoureux du vers et ses syllabes.

 

Proposé par: Cyrille Yomi

Cet article est paru en entier dans le Magazine littéraire," CLIJEC, le Mag' " d'Avril 2016. Tous les droits réservés.

 

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